Chambre de Kirito

[Chambre de Kyô]

Il n'avait pas gardé cette allure de trot qu'il avait en sortant de chez Kyô, bien sûr que non. Il n'était pas fou, hein.

Son pas toujours silencieux dans le couloir, il préférait néanmoins ne pas en profiter pour entendre d'éventuels éclats de voix provenant de la pièce qu'il avait quittée. D'une part, il aurait bien aimé être là pour voir ce qui allait se passer, et d'autre part... Il n'avait pas tellement envie, c'était un peu beaucoup trop dangereux pour ses fesses. Et il ne tenait pas spécialement à teste la pointe des flèches que le nain lui proposait plus tôt, dans son extrème générosité -et son envie insatiable d'une partie de fléchettes sur sa petite et innocente personne, apparement.

Il poussa la porte, pénétrant dans la pièce. Rien n'avait changé; les tas de feuilles jonchaient toujours le sol, que ce soit roulé en boule ou en tas à peu près plats. Toujours ces lignes, ces lignes d'écriture qui ne s'arrêtaient pas.
Soupirant, il s'allongea sur le lit. Un crayon traînait. Il l'attrapa. Un paquet de feuilles faisaient de même, il subit le même sort que le crayon.
Un gros livre faisait effet de support rigide sous les feuilles vierges, il resta sur le ventre, son menton calé sur son poing fermé, le crayon entre les doigts de son autre main. Et il commença à gratter, comme tous les soirs depuis leur arrivée.

Cette boule de dégoût qui se forme derrière ta langue, loin dans le fond de ta gorge.
Laisse-moi pénétrer en ton toi intérieur.
Laisse-moi faire.
Tu verras.
Ca passera seul.
Laisse-moi te bercer de cette sensation que tu ne savais pouvoir être aussi forte.
Repoussante.
Moi, seul, je saurais t'écœurer.

Il ne savait pas réellement comment il se sentait, là, à l'heure actuelle. Ni bien, ni mal. Mille et mille pensées à l'esprit. Il avait encore besoin de tout marquer. La moindre chose. Le moindre mot. La moindre pensée. Même n'importe quoi, pour lui cela signifierait quelque chose sur l'instant.


Envie de...
Envie de dormir, d'enfin se poser quelque part.
Envie de hurler sa douleur, l'ancienne et la nouvelle.
Envie de briser ce cou supportant cette douleur.
Envie de...
Le mur est rouge.
Envie de...
Les yeux exorbités.
La langue pendante.
La bouche ouverte.
Une mouche au coin des lèvres.
Envie de...
La tête éclatée.
Le cou brisé.

Et il continuerait. De plus en plus loin. Sans se soucier de l'impact de certaines images, qui lui apparaîtraient plus tard, sur l'esprit des autres.
Parce que les autres, il ne voulait pas s'en soucier.

La tête entre deux mains,
Je fixe le visage riant dans un miroir.
Les deux jambes battant dans le vide,
Je cherche le point d'appui de mon corps allongé.
Les bras levés vers les côtés de ma tête,
Je tire une langue rouge au miroir brisé.
L'obscurité se fera totale dans peu de temps,
Juste un moment qu'elle s'installe complètement.
Je tire une langue blanchâtre au miroir absent,
Les bras levés dans une position absurde.
J'ai trouvé le point d'appui de mon corps immobile,
Les pieds collés au fond d'une boîte.
Je fixe le visage cadavérique dans un miroir de glace,
La tête éclatée entre deux pierres.

Quelque chose lui chatouillait le bout du nez, doucement. Il le fronçait légèrement, ses pensées encore marécageuses et son esprit encore étrangement rempli d'images de nems nains décolorés, chose que là maintenant, tout de suite, il ne comprenait pas tellement.
Un oeil s'entrouvrit, lentement, tandis qu'une de ses mains venait à son visage pour écarter la gêne du moment, qui s'avéra être le coin d'une feuille de papier.
...Feuille?
Awww, il avait dû encore s'endormir alors qu'il écrivait.

Un soupir. Le jeune homme roula sur le dos, sans se préoccuper de s'il écrasait son travail ou non. Après tout, ce n'était que des feuilles, ca n'allait pas effacer ce qu'il avait fait.
Et tout comme il se retournait, la lumière du jour passant par la fenêtre l'aveugla horriblement, le décidant pour son humeur à venir.
Humeur de chien.
Il lui fallait quelque chose pour se mettre sur pied.

Marmonnant entre ses dents, il se leva, moitié roulant moitié se redressant sur le lit, jusqu'à ce que ses deux pieds touchent le sol. Vascillant sur les quelques premiers pas, il attrapa un pantalon avant de sortir, l'enfilant rapidement.

Les choses étaient un peu brumeuses, le matin...

[Salle à manger]

[Salle à manger]

Il poussa la porte, pénétrant dans sa chambre.
Rapidement, il se dirigea vers une armoire, qu'il ouvrit pour extirper de là quelques vêtements plus consistants qu'un simple pantalon enfilé à l'arrache.
Une chemise rouge de tissu fin, un pantalon noir et étroit.
Rien de bien différent de d'habitude, à vrai dire.

Il attrapa une sacoche, celle-là meme contenant ses affaires de toilettes, ainsi qu'une serviette.

Ses affaires ainsi glissées sous le bras, il quitta tout aussi vite sa chambre, refermant la porte derrière lui.

[Salle de bain]

[Salle de bain]

Et de retour, il balança littéralement ses affaires sur le lit encore en vrac de sa nuit, l'état bordélique des lieux lui passant considérablement par-dessus la tête pour le moment.
En revanche, la première chose qui lui venait à l'esprit était de fouiller la poche de son blouson, posé -roulé serait un terme plus juste- sur une chaise, pour revenir victorieux de sa chasse, le paquet de malboro entre ses doigts serrés.
Joie intense et sans équivalent.
Et le sourire aux lèvres, il chaussa ses chaussures qui se baladaient dans la chambre au gré du hasard -à croire que lui seul pouvait les retrouver les yeux fermés- et quitta de nouveau la chambre.

[Hall d'entrée]

[Cuisines]

Et encore une fois, il était de retour dans la chambre. Toujours sombre, les volets toujours fermés. Il alluma la lumière, découvrant les innombrables feuilles qui jonchaient toujours le sol, le lit, trainaient de-ci de-là.

Il s'avança un peu, ramassa quelques-unes d'entre elles, lut quelques lignes. Les laissa retomber au sol.

Il alla s'asseoir sur le matelas. Puis il se laissa tomber en arrière, sans prendre garde aux papiers en travers, sous son corps à présent, qui hurlaient dans ce bruit de crissement propre au papier.

Aoi sorti alors de la chambre de Ruki, le laissant avec Hizumi.
Il s'était senti de trop, alors était sorti.

Il lâcha un soupire en allant à la fenêtre regardait le jardin... Il ressentait à cet instant la fatigue due à la nuit trop courte.

Depuis le tremblement de terre, il avait fait plusieurs courte nuit ou des nuits entrecoupée, rien de reposant en fin de compte...

Il en lâcha un nouveau soupire avant d'aller vers sa propre chambre. Il s'arrêta néanmoins devant celle de Kirito se rappelant comment il avait planté le pauvre chanteur/guitariste dehors pour s'enfuir à la cuisine sans la moindre explication.

Quelle politesse écrasante !

Il toc trois coups à la porte de ce dernier tout en disant son prénom.

Silence. Silence. Silence. Encore, toujours le silence qui emmurait la pièce, résonnait sourdement à ses oreilles en cognant.
Parfois il appréciait cette sensation.
Parfois, ce bruit ne lui offrait que le désir d'arracher le petit tympan calé au fond de son oreille.

Il bougea un bras, dans un bruit de feuilles froissées.
Peu importait l'état dans lequel était son travail. Il voyait pertinemment qu'ils n'étaient pas le moins du monde sur le point de quitter cet endroit.

Il roula sur le côté, écrasant les papiers de son faible poids. Les bras repliés contre son torse, il remonta légèrement les genoux, dans une position presque foetale.

Silence. Silence.

Et trois coups furent portés contre la porte, envahissant soudain son ouïe.

Et sans se redresser, sans un regard pour l'état bordélique de la pièce, avec tous les papiers, les paquets entiers de feuilles jonchant le sol, il répondit à l'appel lancé.

Trois coups ni trop fort ni trop doucement. Deux coups secs et un qui se fait un peu attendre.

Il entra quand il entendit la voix de Kirito lui dire qu'il pouvait entrer.

Et... fut étonné du désordre qui y régnait...
Bon ce n'était pas non plus du linge partout par terre ni des canettes dans tous les coins fort heureusement !
Mais des dizaines et des dizaines de feuilles noirci, blanches qui servaient de tapis à la chambre.

Il referma la porte derrière lui et s'y adossa.

- Re...

Il posa enfin son regard sur l'occupant qui était quasiment en position foetal sur le lit lui aussi recouvert de feuilles noircies

- ?.? Tu vas bien ?

La porte s'ouvrait.
Il ne bougea pas tellement. Derrière la porte, la voix avait été un peu étouffée, aussi ne la reconnaissait-il que difficilement.

La porte se referma, la voix reprit.
Aoi.
Cette fois il l'avait reconnu.

Il posa un oeil sur une des feuilles près de son visage. Un mot, écrit légèrement séparément des autres, lui sauta aux yeux.

Innocence.

Sa main vola soudain sur la feuille, d'abord à plat. Et se referma dessus, le papier se froissant entre ses doigts, crissant désagréablement à ses oreilles.
Il y aurait toujours des choses stupides.

Une autre feuille, celle qui était dessous. Un autre mot.

Pudeur.

Les lettres disparurent comme cette feuille-ci se tranformait également en un boule bruyante.

"Ca va...", murmura-t-il.

Une troisième feuille, décalée.

Malsain.

Il regardait tel un spectateur devant son écran de télèvision, ce que faisait Kirito.

Il regardait une feuillle, la froissé et ainsi de suite par trois fois...
Que pouvait bien être écrit sur ces papiers pour qu'il en fasse des boules ? C'était pourtant lui qu'il les avaient noirci, non ?

Au murmur, il ne répondit qu'après quelques secondes de silence ( En respect pour les feuilles mortes ? XD )

Il passa une main dans ses cheveux pour les remettre à leur place puis donna un léger coup d'épaule à la porte, se décollant de celle ci avant que son autre épaule recogne dessus ( sans faire un bruit de malade hein XD )

- Désolé

De nouveau quelques seconde de silence.

- Pour tout à l'heure. Je suis parti en vitesse sans te donner la moindre explication. Ce n'était pas très poli.

Il l'entendait bouger, sans le faire lui-même pour le moment.

Et Aoi s'excusa.
Allongé comme il l'était il haussa une épaule, dans un semblant de je-m'en-foutisme.

"Pas grave, ca arrive," répondit-il.

Et il se dressa sur un coude, fixant les trois boules de papier. L'une d'elles revint dans sa main. Pour finir par s'écraser contre le mur, lancée fermement.

Dans son esprit, le mot Innocence s'éclatait contre le mur en question.

Et puis il s'assit, en tailleur, parmi les dizaines de feuilles qui étaient encore sur le lit, étirant un petit sourire sur son visage.

"Alors, réussi ce gâteau?"

Eh, oui. Il avait observé. Il se rappelait du sujet de Aoi et Kyô dans la cuisine.

Même s'il s'en fichait, le guitariste lui n'en avait pas rien à faire. Ce n'était pas dans ses habitudes de planter quelqu'un comme ça...

- Hum...

Il le regarda lancer la boule de papier avec violence et cette dernière finit par percuter le mur avant de tomber sur le sol.
Ce qui devait y être marqué ne devait guère plaire à celui, pensait Aoi, qui en était l'auteur.

Il posa ses yeux sur Kirito quand il bougea, se redressant pour se mettre en tailleur toujours sur les feuilles noircies.

- Gâteau ?

Un petit sourire étira ses lèvres.

- Je ne savais pas que tu m'avais suivi. Pour répondre à ta question, oui il est réussi d'apres l'odeur et sa couleur ainsi que l'avis de la Natu... Hizumi.

Il pensa aussitot que le chanteur qui se trouvait assis devant lui, aller grimacer ou faire un quelqu'on que commentaire sur la fameuse personne.

Après tout, le cadavre avait bien poussait sans aucune raison valable Kirito.

Assis, il leva une main, ses doigts fins passant dans sa tignasse en bataille.

"Suivi serait un bien grand terme..." sourit-il. "Tu m'avais dit que tu irais à la cuisine..."

Et il y était allé lui aussi, légèrement plus tard. Pour rester dans l'encadrement de la porte, observant seulement ce que faisaient les deux jeunes gens.

" 'Suis pas resté longtemps," ajouta-t-il rapidement.

Ce n'était pas non plus son genre de donner une quelconque impression de recherche des gens. Peut-être était-ce pour cela qu'il ajoutait ce genre de chose à ses propos. Il ne savait pas tellement, à dire vrai.

"Mh...Hizumi a apprécié? Si ça a pu le décoincer ne serait-ce qu'une seconde, c'est qu'il devait être réussi, en effet..."

Rester calme. Ne pas penser à cet énergumène noirâtre.

"Et que vas-tu faire maintenant? "

Une question en l'air, parmi tant d'autres qui auraient pu sortir.

Aoi lui resta contre la porte, à croire qu'il les adorait vu qu'à chaque fois qu'il entrait dans une chambre, il restait contre cette dernière XD Peut-être pour partir le plus vite possible en cas de problème ?

- Hum en effet. Je reformule alors. Je ne savais pas que tu y étais venu.

Il souri en l'entendant rajouter qu'il n'était pas resté longtemps à les -espionner-.

Tien, il l'avait senti venir celle là XD Enfin, il ne fallait pas avoir le don de voir dans le future pour savoir cela.

- Décoincer a tellement de sens

Sa phrase pouvait en avoir également...

- Dis... par simple curiosité... Il y a déjà eu problème entre vous ?

Il repensa à ce qui c'était passé et revu le pauvre kiri-gouter se manger le sol en plein sur l'épaule...
Il posa sa main sur sa propre épaule, lui aussi avait un bleu dû au vampire...

- Je n'es rien prévus au programme.

Aoi restait au fond, loin du lit où Kirito demeurait, calme dans la pièce un peu sombre. Il n'avait pas ouvert les volets, juste entrouvert.

Il hocha lentement la tête.
Après tout, il savait bien qu'Aoi ignorait tout de sa présence à l'entrée de la cuisine. Ou il aurait remarqué une quelconque réaction de sa part, ou quoi que ce soit.

Et il esquissa un petit sourire pour le sujet d'Hizumi.

"En effet, tellement de sens..." souffla-t-il.

Puis il secoua la tête, lentement, à la question d'Aoi.

"Pas que je sache...Je l'ai rarement vu. Et je ne m'en portais pas plus mal, visiblement."

Il ne connaissait pas, lui-même, la raison de la brutalité du chanteur à son égard. Il était peut-être même préférable pour lui de ne pas savoir.

Puis, à la réponse obtenue, il hocha de nouveau la tête, légèrement.

"Mh...Tu peux rester ici. Si tu veux."

Un ton nonchalant de sa part.
Il fallait bien dire qu'en même temps, Aoi jouait les autistes, isolé comme il l'était contre la porte.

Il restait loin en effet, contre la porte, porte qu'il pouvait ouvrir s'il en avait envie...

Il avait rarement vu Hizumi... Vu comment était le vampire, Kirito aurait très bien pû le froisser sans même le vouloir ou carrement sans même s'en rendre compte !

Enfin, c'était l'explication la plus plausible pour comprendre le pourquoi de son geste.

- Tu n'as plus mal à ton épaule ? La mienne ne me fait plus mal mais le bleu est encore présent.

Malheureusement.

Rester ? Pour quoi faire ?
Il n'avait aucune raisons de rester dans cette chambre même s'il appressier la compagnie de son occupant.

- C'est gentil mais... pour rester ici, il faudrait que j'ai une raison, non ?

Il remit son piersing en place d'un coup de langue avant de laisser son regard parcourir de nouveau la chambre avant de revenir sur Kirito.

- Je vais aller dans le salon pour jouer avec Éva ^^ Euh c'est ma guitar ^^ Donc si jamais tu as envie de m'accompagner autant par ton jeu que par ta voix, tu sais où me trouver Kirito-kun

Il sorti de la chambre après un sourire à Kirito

Il inclina légèrement la tête du côté opposé à son épaule endolori, et fit lentement tourner l'articulation.

"Encore douloureux," marmonna-t-il avec une petite grimace. "Mais tant pis."

Il soupira légèrement, laissant son bras retomber le long de son corps malingre.
Du regard, il suivit le chemin rapide de la langue du guitariste, le replacement du piercing par la même occasion.

Et il hocha la tête aux mots de Aoi.

" 'Kay. "

Et Aoi sortit.
Et il se retrouva encore dans la pièce sombre.

Flegme d'ouvrir les volets. Ou il n'en avait pas envie.
Flegme d'allumer la lumière. Ou il n'en voyait pas l'utilité.

Il se laissa retomber sur le dos, sur le matelas, un soupir au bord des lèvres.

Et finalement, au bout d'un long moment, il se leva, limite à glisser au bas du lit. Les chaussures reprirent leur place à ses pieds, et il quitta la pièce, la porte se refermant derrière lui.

[La salon]